Ces dernières années, je rencontre de plus en plus chez de futurs parents ce paradoxe d’être hyper connectés et terriblement seuls, isolés. Leur désir de garder un certain équilibre de vie (work/life balance) est aussi compromis par les exigences professionnelles et sociales. Nous travaillons de plus en plus pour que la future mère accède alors à un rythme ralenti, le rythme de sa gestation. Les conditions primordiales nécessaires pour l’atterrissage du nouveau-né et la transformation des adultes en parent, demandent du temps, et un temps avec une qualité de présence, de réceptivité, où la perméabilité psychique des parents est (r)établie. En plus d’être une environnementaliste, nous devons maintenant créer les nouvelles conditions temporelles pour accéder à la « relative lenteur » de la gestation psychique : j’œuvre donc comme une « conditioniste » [créer du temps]. La maternité offre une occasion unique de préparer ce moment, créer les liens entre les futurs parents et l’équipe pour devenir un véritable lieu d’hospitalité et aborder ces questions de temporalité. Même si les parents comprennent la nécessité de ce temps vital, sa prise de conscience et sa réalisation sont souvent entravées. J’observe des conflits internes accablants chez de jeunes futurs parents qui ont totalement intériorisé ces exigences professionnelles surmoïques, d’où mon titre : « La Gestation psychique et la rêverie ».